Confidences | GUSTAVO VEJARANO

Portait noir et blanc de l'artiste colombien Gustavo Vejarano posant devant un mur orné de ses sculptures. Un artiste abstrait représenté la la Galerie Vermeulen. Portait noir et blanc de l'artiste colombien Gustavo Vejarano posant devant un mur orné de ses sculptures. Un artiste abstrait représenté la la Galerie Vermeulen.

| INTERVIEW |

Depuis près de cinq décennies, Gustavo Vejarano développe une œuvre en perpétuelle mutation, portée par une exigence de renouvellement formel. Formé à Bogotá, puis à Paris dans le mythique Atelier 17 dirigé par S.W. Hayter, il explore successivement la figuration, les architectures symboliques, les cycles sacrés ou les espaces marins, dans une peinture qui fait du changement de langage une méthode à part entière.

Dans cet entretien, il revient sur son parcours artistique, ses influences formatrices, et sur la manière dont ses œuvres cherchent à créer un espace de perception directe, engageant le regard autant que l’imaginaire.

GALERIE VERMEULEN

Ton œuvre est traversée par des cycles successifs, où chaque série ouvre un nouveau champ d’exploration. Quel rôle attribues-tu à ces mutations dans ton parcours, et laquelle de ces phases te semble aujourd’hui la plus fondatrice ?



GUSTAVO VEJARANO

L’une de mes réalisations artistiques les plus importantes a été de considérer l’art comme un instrument de recherche et de découverte, à la fois du monde qui m’entoure et de mes propres processus internes. Cela signifiait que chaque fois que je trouvais un nouveau sujet ou une nouvelle idée qui m’intéressait, je devais trouver le langage artistique qui correspondait le mieux à ma recherche.

Aujourd’hui, en repensant à ce processus, j’ai tendance à concentrer mon attention sur des mondes de plus en plus subtils et mystérieux, très éloignés d’une interprétation figurative du monde.

Laquelle de ces étapes est la plus représentative... Je pense qu'elles ont toutes été importantes pour montrer un point de vue différent sur le monde qui nous entoure, ou plutôt, une vision différente et complémentaire de mes processus internes et de mon imagination.

Cela dit, le thème du lieu de pouvoir, de l’art sacré, du temple a été le plus enrichissant car il comprenait des voyages et des études dans des endroits merveilleux de la planète.

GALERIE VERMEULEN

Quelle atmosphère régnait chez toi, enfant, et comment ce contexte familial a-t-il nourri ta sensibilité artistique ?



GUSTAVO VEJARANO


J’ai grandi dans une famille où la culture occupait une place importante. Mon père avait fondé une clinique, donc c’est plutôt du côté des femmes que l’inspiration artistique m’est venue : mes tantes, artistes et collectionneuses, m’ont profondément influencé. L’une dansait, l’autre peignait. Ma grand-mère possédait une maison remplie d’art et de meubles français, marqués par le goût de leur vie passée en Europe. Très jeune, j’ai passé beaucoup de temps à feuilleter les livres d’art de mes tantes — ils ont sans doute éveillé mon intérêt pour la peinture.

Políptico del Cielo, œuvre de Gustavo Vejarano composée de cinq panneaux abstraits évoquant des paysages célestes – peinture contemporaine aux tonalités vibrantes, proposée par la Galerie Vermeulen. Políptico del Cielo, œuvre de Gustavo Vejarano composée de cinq panneaux abstraits évoquant des paysages célestes – peinture contemporaine aux tonalités vibrantes, proposée par la Galerie Vermeulen.

« Paris m'a donné naissance. C’est la ville qui m’a dépouillé de mes vanités intellectuelles et artistiques.»

GALERIE VERMEULEN

Te souviens-tu d’un moment précis où tu as compris que tu ne suivrais pas le chemin que ta famille avait imaginé pour toi ?



GUSTAVO VEJARANO

Quand j’avais 14 ou 15 ans, je pensais devenir architecte et nous nous sommes renseignés pour que j'aille étudier à Londres. Mais la vie en a décidé autrement, j’ai quitté la maison de mes parents à 17 ans pour aller vivre dans un petit village de pêcheurs, Taganga où nous avions, avec quelques amis, une communauté naissante. Plusieurs de mes camarades étaient des artistes et je gagnais ma vie en fabriquant des objets artisanaux tout en développant mes activités artistiques. J'ai vite compris la nécessité d'améliorer mes connaissances et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de retourner à Bogotá et d'étudier avec David Manzur. Plus tard, j'ai rejoint le groupe d'artistes qui formait le collectif Taller la Huella. C’est à ce moment que j'ai réellement décidé de faire de mon art mon mode de vie et je suis resté avec ce collectif jusqu'à mon voyage à Paris en 1982. Je suis parti participer à la Biennale de Paris et j’y suis resté.



GALERIE VERMEULEN

Quel est le plus grand risque artistique que tu aies pris ?



GUSTAVO VEJARANO

Chaque fois que je change de sujet et de langage visuel, c'est comme si je repartais de zéro. Chaque nouvelle série est un saut dans le vide. Ce n’est jamais confortable. Ce sont des ruptures nécessaires. Mais elles exigent de tout remettre en jeu.



GALERIE VERMEULEN

Que souhaites-tu que le spectateur ressente ou comprenne face à ton travail ?



GUSTAVO VEJARANO

Une résonance intérieure. J’aimerais que le spectateur sente l’énergie, la vibration d’un lieu invisible mais familier. Je ne veux pas illustrer, je veux faire apparaître. J’aimerais qu’en regardant mes tableaux, on ressente un espace, un souffle, quelque chose de vivant. Que la peinture soit une expérience.

Oeuvre de l'artiste colombien Gustavo Vejarano, une peinture à l'huile organique, aquatique, aux couleurs vertes, bleues, oranges, jaunes, rouges. Une oeuvre d'art contemporain, présenté par la Galerie Vermeulen. Oeuvre de l'artiste colombien Gustavo Vejarano, une peinture à l'huile organique, aquatique, aux couleurs vertes, bleues, oranges, jaunes, rouges. Une oeuvre d'art contemporain, présenté par la Galerie Vermeulen.

« J’aimerais qu’en regardant mes tableaux, on ressente un espace, un souffle, quelque chose de vivant. Que la peinture soit une expérience.»

GALERIE VERMEULEN

Tes œuvres reflètent une profonde connexion avec la nature, en particulier les paysages marins. Qu'est-ce qui t’attire tant dans ces éléments naturels et comment les transposes-tu sur la toile ?




GUSTAVO VEJARANO

Oui, la nature, de la nature humaine à la nature universelle, avec ses millions de formes et de changements, a été la base et l'inspiration de mon travail artistique à travers les différentes séries et techniques. En particulier dans les deux dernières séries, « Océans » et « Cieux », elles coïncident avec l’ouverture de l’atelier à Taganga. Là, le contact avec la nature a été plus proche, plus intime, lié aux rythmes de la vie et à la majesté du paysage et de ses rythmes.

GALERIE VERMEULEN

Quelle exposition ou quelle reconnaissance t’a le plus touché personnellement, celle qui reste pour toi la plus marquante ?




GUSTAVO VEJARANO

L'exposition au Musée d'Art Moderne de Bogota, qui a présenté mon parcours d'artiste sur 45 ans et a compilé des œuvres de différentes périodes.

GALERIE VERMEULEN

Tu as vécu dans plusieurs villes emblématiques comme Paris, Bogota, Bruxelles, ou Taganga. Laquelle de ces villes t’a le plus bouleversé, tant sur le plan personnel qu’artistique, et pourquoi ?




GUSTAVO VEJARANO

Taganga est le village où j’ai commencé à découvrir le monde, l’art, l’amour et la survie dans la nature, des thèmes qui restent d’actualité aujourd’hui dans mon travail. Bogotá est ma ville où j'ai grandi et où j'ai commencé à travailler, à exposer et à vendre. Paris m'a donné naissance. C’est la ville qui m’a dépouillé de mes vanités intellectuelles et artistiques, qui m’a confronté et m’a conduit à rechercher ma propre méthode, ma propre voix, ma propre cohérence intérieure. C'est la ville qui m'a fait rechercher l'excellence et qui me surprend et m'éduque encore aujourd'hui. Bruxelles était mon refuge du monde, le creuset où mon âme fondait, où le silence et la solitude, les hivers froids et gris, me poussaient à regarder à l’intérieur.




L’artiste Gustavo Vejarano assis dans une salle d’exposition, entouré de ses sculptures verticales et d’une grande toile abstraite en arrière-plan – photographie en noir et blanc présentée par la Galerie Vermeulen. L’artiste Gustavo Vejarano assis dans une salle d’exposition, entouré de ses sculptures verticales et d’une grande toile abstraite en arrière-plan – photographie en noir et blanc présentée par la Galerie Vermeulen.

« Chaque nouvelle série est un saut dans le vide. Ce n’est jamais confortable. Ce sont des ruptures nécessaires. »

Gustavo Vejarano (né à Bogotá en 1952) est un artiste franco-colombien dont le travail interroge les relations entre matière, espace et conscience. À travers la peinture, la sculpture et le dessin, il construit des cycles visuels qui traduisent une quête intérieure autant qu’un regard attentif sur le monde. Ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses institutions internationales et figurent dans les collections du Musée d’Art Moderne de Bogotá, du Musée d’Art Moderne de Paris, du Ministère colombien des Affaires étrangères, de la Présidence de la République de Colombie, ainsi que dans plusieurs fondations et collections privées en Europe et en Amérique latine.

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