Confidences | LILIANE PHUNG


| INTERVIEW |
Depuis sa première exposition à la Fondation Cartier en 2005, Liliane Phung construit une œuvre singulière, à la croisée de l’intime et de l’artifice. Diplômée des Beaux-Arts de Paris, l’artiste franco-vietnamienne interroge la représentation du féminin à travers des figures récurrentes — femmes de dos, rituels de toilette, reflets démultipliés — dans des intérieurs chargés de signes.
Sa peinture, nourrie d’histoire de l’art, de cinéma et de culture populaire, rejoue les mythes et les archétypes avec une ironie discrète. Par couches, motifs ou fragments, elle compose une figuration mentale, où mémoire, image et identité se nouent. Rejetant le naturalisme, elle fait de l’artifice un levier critique, et du cliché un point de départ.
GALERIE VERMEULEN
Comment ton travail a-t-il évolué depuis ta participation à l’exposition « J’en rêve » à la Fondation Cartier ?
LILIANE PHUNG
Les toiles que j’avais présentées à la Fondation Cartier abordaient déjà les mêmes thématiques que mes œuvres récentes.
J’expérimentais alors des formats muséaux, superposant recouvrements, typographies, fragments d’images ; le tout s’imbriquant comme un ensemble d’affiches déchirées.
J’ai toujours utilisé le même langage, quelle que soit la période. Je me sens proche des artistes qui répètent inlassablement la même histoire.


« Métisse, je mesure l’ironie d’avoir pour muse des blondes peroxydées.»
GALERIE VERMEULEN
Ton œuvre interroge souvent les notions d'identité et de mémoire. Comment ton héritage culturel franco-vietnamien nourrit-il ces réflexions ?
LILIANE PHUNG
Métisse, je mesure l’ironie d’avoir pour muse des blondes peroxydées.
Du reste, mes parents s’étant séparés tôt, je n’ai pas toujours été plongée dans la culture vietnamienne. Étonnamment, c’est aujourd’hui que j’en ressens l’héritage, et je discerne dans mon travail l’écho d’un maître comme Lê Phô : une mélancolie subtile, des réminiscences familières…
Ce style nouveau, légèrement hybride, portait déjà en lui une forme de métissage. À l’instar des japonaiseries de Van Gogh, il apporte une vivacité stylistique qui explique son succès, encore pleinement reconnu aujourd’hui, notamment avec la rétrospective au musée Cernuschi.


« En revisitant des sujets emblématiques de l'histoire de la peinture […] il y a un acte politique de réappropriation.»
GALERIE VERMEULEN
Tu navigues entre différents médiums (dessin, peinture, installations...).
Comment choisis-tu celui qui exprimera le mieux l’idée ou l’émotion que tu souhaites transmettre ?
LILIANE PHUNG
Le plan conceptuel de la toile reste mon support préféré.
C’est là que je trouve l’extase intime du geste. C’est très intuitif et ça ne va pas toujours dans la direction initiale. Il s’agit de rendre tangible une essence presque fantomatique… de faire advenir une apparition sans médiation - spirite, en contact constant avec la surface du tableau.
J’utilise surtout l’acrylique, qui a la texture des billboards américains, des anciennes publicités peintes à la main, comme les affiches de Bollywood... Une certaine texture du pop.
Comme le blond platine, l’acrylique est une invention très récente.


GALERIE VERMEULEN
Tu questionnes souvent la place de la femme dans la société.
Quel rôle l’artiste peut-il jouer face aux enjeux sociaux et culturels contemporains ?
LILIANE PHUNG
"La révolte seule est créatrice de lumière" dit André Breton. Il est essentiel de poursuivre la lutte, d'être une voix, de revendiquer et contribuer à redéfinir les canons artistiques et culturels. En revisitant des sujets emblématiques de l'histoire de la peinture - autoportrait, scène domestique, muse s'admirant - longtemps réservés aux hommes et interdits aux femmes, il y a un acte politique de réappropriation.
Je détourne certains récits. Et mieux vaut partir du cliché que d'y arriver.
Le rôle de l'artiste reste d'être disruptif, au-delà des genres et des identités...
Le peintre, s’il est doté d’un peu de clairvoyance, doit provoquer des sauts de conscience. Son sujet n'est pas seulement polémique. Il peut être, parfois, profondément transcendantal.
Liliane Phung, née en 1977, est une artiste franco-vietnamienne diplômée des Beaux-Arts de Paris. Repérée dès 2005 par la Fondation Cartier, elle y expose dans « J’en rêve » avant d’intégrer plusieurs collections publiques et privées. Sa peinture figurative mêle références artistiques, culture populaire et fragments de mémoire visuelle. Son travail est régulièrement présenté en France et à l’international, dans des expositions consacrées aux nouvelles écritures de la figuration contemporaine.
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